vendredi 19 mars 2010

Le pavillon des cancéreux - Alexandre Soljenitsyne

Le pavillon des cancéreux
Alexandre Soljenitsyne
Pocket
1968
722 pages

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Et bien oui ! J'ai réussi à passer au travers de ce pavé énoooooooooorme qui m'a beaucoup plu malgré plusieurs longueurs. Cette lecture restera un très beau souvenir pour moi qui affectionne tout particulièrement les auteurs russes.

Soljenitsyne est un auteur bien connu pour ses écrits à caractère politique et humaniste. Peut-être avez vous déjà entendu parler d'Une journée d'Ivan Denissovitch ou de L'Archipel du Goulag ou peut-être pas ! mais il reste que cet auteur en est un qui a son importance dans l'histoire de la déstalinisation en Russie. J'ai trouvé un article super sur ledevoir qui est ici et qui va vous faire mieux que moi un topo de sa vie, ses oeuvres et sa ligne de pensée.

Avec Le pavillon des cancéreux on entre dans l'univers glauque des malades atteints de divers troubles, métastases, tumeurs. Cela se passe en 1955, dans un hôpital de Tachkent, en Russie. Ainsi, on va rencontrer des dizaines de personnages qui nous apparaissent les uns après les autres. On y entre avec l'arrivée de Paul Nikolaievitch Roussanov qui souffre d'une tumeur au cou et qui est en totale admiration avec Staline et se vante d'être entièrement dévoué à sa patrie. L'autre personnage phare du récit, Kostoglotov, qui a plusieurs points en communs avec l'auteur, exilé lui aussi dans un village après plusieurs années de "goulag" et atteint d'une tumeur dont il va miraculeusement se soigner, est un homme de grandes valeurs qui croit en l'amour de son prochain et n'accorde que peu de crédit aux chimères proposées par l'État. On entre donc dans la Russie du siècle dernier avec tous ses excès, sa grandeur, ses injustices et l'amour que portent ses habitants à cette chère patrie.

Au fil des pages, dans l'étroit dortoir où sont alités plusieurs hommes (car le récit se déroule presque totalement dans le pavillon leur étant réservé) on va être témoin de leurs discussions animées sur la Russie d'hier et la jeunesse d'aujourd'hui, le système de santé, les remèdes naturels (champignons, racines), les relations entre docteurs et malades, mais aussi des questions plus philosophiques telles que "qu'est ce qui fait vivre les hommes ?" et "quel est l'endroit de la terre qu'on élit entre tous ?" et enfin des questions sur la mort, bien sûr.

Je dirais que la force de ce roman est de passer au travers beaucoup de sujets assez "lourd" sans pour autant nous lasser. Chaque chapitre apporte de la nouveauté et de la fluidité au récit et nous fait réfléchir. Et tous ces sujets sont traités au cours de dialogues parfois très drôles entre malades qui retrouvent de la fougue à se diputer alors qu'ils sont gravement affaiblis par la maladie. Par contre, nulle intrigue dans ces 722 pages, nul suspense. Que de la rhétorique !  Mais à petites doses, ça fait toujours du bien ! 

«Ce n'est pas le niveau de vie qui fait le bonheur des hommes mais bien la liaison des coeurs et notre point de vue sur notre vie. Or l'un et l'autre sont toujours en notre pouvoir, et l'homme est toujours heureux s'il le veut, et personne ne peut l'en empêcher.»
J'ai été dépaysée, j'ai appris des tas de trucs que je n'aurais pas pu apprendre autrement, car Soljenitsyne fait vivre le débat au travers des femmes médecins et infirmières dévouées et attentionnées, des malades courageux et complices et d'autres hommes plus grincheux. Mais au final, il nous donne envie de profiter de la vie et de la vivre pleinement. Aussi quétaine que ça puisse paraitre ! Je resterai pour longtemps avec une très belle impression suite à cette lecture.

Note personnelle 7.5/10




Cette lecture a été faite dans le cadre du Challenge Une année en Russie organisé par Pimpi.

7 commentaires:

Mangolila a dit…

Je me souviens avoir beaucoup aimé cette lecture aussi! Il avait eu un très grand succès dans les années 70! Tout le monde voulait le lire!

Pickwick a dit…

L'un des livres meilleurs livres que je n'ai jamais lu. Oui, tout est presque en huis-clos, - d'ailleurs mon passage préféré est celui du tramway! Tant le personnage de Roussanov est énervant, tant celui de Kostoglotov est touchant... tout est bien construit, tout a du sens : un vrai bijou ! (juste, Tachkent est en Ouzbekistan, dans l'ex-URSS ;) ). En revanche, je n'ai jamais pu accrocher avec Le Premier Cercle de Soljenistine (sur le traitement des intellectuels par le régime totalitaire), décroché en quelques pages... à réessayer peut-etre !

Pickwick a dit…

Ah oui, j'avais oublié ma question : "quétaine" ? kesako ? Je ne connais pas l'expression :)) !

L'Ogresse a dit…

J'avais lu il y a bien longtemps 'Une journée d'Ivan Denissovitch' et je m'etais vraiment ennuyee. Le theme de ce roman m'attire davantage (je lis beaucoup de choses sur les milieux medicaux, la maladie, etc), merci d'en avoir parle.

Gabrielle Lacombe a dit…

@Mango - Ah oui ! Et bien si je m'attendais à ça ! Je croyais vraiment que personne ne connaissais !

@Pickwick - Je ne me souviens pas du passage du tramway (C'est à se demander si je l'ai lu) mais tu as raison, c'est en Ouzbekistan l'hopital.

Et quétaine ça veut dire ehhhhh..... stéréotypé, sans originalité ! Je pense qu'on peut le dire aussi pour quelque chose qui est vieux, démodé. Hi hi ! C'est du québécois pur et dur !

@L'Ogresse - Alors, tu devrais adorer ! Merci à toi d'être venue lire mon billet !

Pickwick a dit…

Merci pour ta réponse !! Cette expression, j'adore, je vais la replacer avec une pensée pour toi ! Quant à la scène du tramway (ou du bus ? j'ai un doute!), c'est avec Kostoglotov... mais je ne sais pas comment en dire plus sous peine de spoiler ! Par mail, ce sera mieux si tu veux :)

Gabrielle Lacombe a dit…

@Pickwick - Je vais suivre ça de très près...
Oui, envoie moi ça si tu as le temps, ça a piqué ma curiosité et je crois me souvenir maintenant du chapitre en question.